Les mots de notre époque au clavecin
Vendredi soir, Yves Rudio a lu plusieurs poèmes, extraits de son recueil « Herbschtstimmùng - Ambiance automnale ». Il était accompagné du claveciniste Jean-Luc Iffrig, qui a mis en valeur les textes puissants évoquant les maux de notre époque.
Yves Rudio, qui a grandi à Sarre-Union, a fait passer son message avec force et talent dans le choix des mots et des sujets qui le préoccupent. « Le soir de l’attentat de Charlie Hebdo en 2015, l’idée m’est venue d’écrire une chronique poétique retraçant les événements marquants ou anodins de cette année », explique celui qui a édité son 4e recueil de poésie.
À l’Espace culturel du Temple réformé, Yves Rudio a lu (...)
plusieurs poèmes, composés en dialecte alsacien et traduits en français. Ancrés dans la réalité, ils ont emporté l’auditoire sur les traces d’un passé récent. « Ma volonté, c’était de montrer que l’on peut tout exprimer en alsacien, notamment des thèmes actuels. La langue dans laquelle je m’exprime, c’est plutôt l’alémanique. Mais je m’inspire de tous les lieux où je suis passé et quand je reviens à Sarre-Union je parle le francique d’ici », explique celui qui a également écrit des chansons avec le musicien Nicolas Fischer, professeur des écoles et conseiller pédagogique.
Charlie, l’écologie et Bach
Les poèmes disent la force de l’art refuge, exutoire, beauté mais aussi instrument d’une libération. Ils se veulent une interprétation du présent, une manière de dire un quotidien qui se révèle souvent sombre. Avec une lucidité douloureuse, le poète trempe sa plume à l’encre de faits réels. Il évoque « les crayons qui ne dessineront plus » après l’attentat de Charlie Hebdo. Le thème de l’écologie lui tient aussi à cœur. « Les hommes font de leur paradis une désolation, un taudis ». Quant à « la petite main bien sage sur la plage », elle évoque le drame des migrants. Le poète fustige aussi « les vendeurs de haine, menteurs et meurtriers », et même si la vie est brutale, il encourage le lecteur « à rêver et voyager, la tête dans les nuages ».
Pour achever la soirée sur une note plus positive, le professeur des écoles, qui se définit comme « plutôt joyeux dans la vie » a lu deux poèmes, extraits de ses précédents recueils. L’un est dédié à Weinbourg, le village qui l’a adopté, où il fait bon vivre. Le deuxième est consacré à ses élèves, auxquels il est attaché.
La lecture des poèmes a été ponctuée par des morceaux de musique qui ont adouci le réalisme et la dureté des mots. Ils étaient interprétés au clavecin par Jean-Luc Iffrig, musicien passionné qui vit à Lichtenberg. Celui qui est aussi le directeur musical de l’ensemble Hortus musicalis a choisi de jouer des pièces de Bach, parmi lesquelles une suite française, une sarabande, un menuet ou encore une gigue. Lumière irradiante, la musique de chambre a complété harmonieusement la profondeur des textes.
Recueil « Herbschtstimmùng - Ambiance automnale », Editions Salde, Strasbourg, 13 €. Blog de l’auteur : http://dichtervunhit.blogspot.fr
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